Josette est hospitalisée. Elle n’est plus autonome et ne peut pas être renvoyée chez elle. Le 20 mai, après trois mois d’hospitalisation, l’hôpital la confie à son fils Philippe, sa seule famille. 


Pendant l’hospitalisation, Philippe, qui ne conduit pas (c’est important pour la suite), l’a inscrite dans une douzaine de résidences de personnes âgées, dans les 50 km à la ronde. Il s’agit de résidences médicalisées à des prix normaux, la maigre retraite de sa mère et la retraite de Philippe ne permettant pas des résidences privées luxueuses. 


Comme les places sont rares (entre six mois et un an en moyenne dans notre région), Philippe est décidé à accepter la première place qui lui sera proposée. D’autant que le caractère de sa mère (et qui n’est pas lié à l’âge !) rend la cohabitation rapidement intenable… Il fera quotidiennement les trajets – en train ou en bus – pour s’en occuper régulièrement.


Le 20 mai 2014, l’hôpital annonce donc à Philippe qu’on lui « rendra » sa mère la semaine suivante. Aucune place en résidence ne s’est présentée. L’assistante sociale n’a aucune solution à proposer. Philippe installe donc sa mère chez lui.


Un traitement s’impose. Pour trouver l’inspiration, je prends le texte de F. Rawson [Technique du traitement spirituel, Ed. Spiritualité Occidentale] ayant pour titre « Foyer, domicile ». Je ne m’en sers surtout pas comme formule magique, mais je le lis plusieurs fois en essayant d’adosser chaque mot à une expérience, à un « vécu ».


L’homme n’a jamais besoin d’un domicile. L’homme est dans un domicile parfait. Il est dans l’Entendement, en Dieu. Il est un être parfait, dans un monde parfait, gouverné par un Dieu parfait. L’homme ne peut jamais être hors de chez lui, car il n’y a qu’un Entendement, Dieu, le bien infini. Et l’homme, la conscience infinie de l’Entendement infini, est dans cet Entendement. Aucun mental mortel ne peut maintenir l’homme hors de chez lui, car il n’y a qu’un Entendement, Dieu, et l’homme est toujours à sa place, dans une position parfaite baignant dans l’Amour divin.


« Nous avons un édifice, œuvre de Dieu, une demeure éternelle dans les cieux, qui n’est pas faite de main d’homme » (2 Co 5, 1).


Le domicile de l’homme est parfait, car il réside « dans le sein du Père » (Jn 1, 18), planté « dans la maison du SEIGNEUR » (Ps 92, 13). Seules les idées de Dieu forment son environnement, lui donnant une joie et un bonheur infinis. Il aime reposer dans ces pensées, les idées de Dieu, qui viennent à lui, le satisfont, le nourrissent. L’homme n’a jamais besoin de protection, car tout est gouverné par Dieu, le Principe du bien. Il n’y a rien dont il doive être protégé, car Dieu est Amour. Il n’existe rien d’autre que l’Amour et sa manifestation.


L’homme réside dans le sein du Père. Je récuse le fait que la « Josette sans abri » se trouve hors du sein du Père.


Je travaille ainsi sans succès pendant plusieurs semaines. Puis, tout à coup, eurekâ ! Il me vient une pensée que je retrouve dans deux phrases de  Mary Baker Eddy :


« La Science indique la cause du choc que produit si souvent la vérité, savoir que ce choc provient de la grande distance existant entre l’individu et la Vérité » (Science et Santé 53, 18-21) ; « Le Principe ne fait qu’un avec son idée, et cet ‘’un’’ est Dieu » (Science et Santé 465, 17-18). 


J’avais bêtement traité une Josette extérieure. Mais quand ma conscience ne fait qu’un avec la conscience divine, il ne peut pas y avoir qui que ce soit « là-bas », « ailleurs ». Je le sais intellectuellement, mais je me suis laissé piéger.


En méditant chaque mot du texte de Rawson à cette nouvelle lumière, je prends conscience d’un fait : la chambre dans laquelle je suis est une métaphore du sein du Père. L’homme est toujours dans le sein du Père. JE SUIS est toujours dans le sein du Père. Et donc tous les reflets du JE SUIS sont toujours dans le sein du Père.


1er août, un appel téléphonique. Une place s’est libérée dans une résidence. Josette s’y installe le 8 août et s’en montre très satisfaite. Hasard du calendrier ? Peut-être. Ce qui n’est pas un hasard, c’est que cette résidence se trouve dans la rue où habite Philippe ! Il n’y a pas eu d’autre réponse depuis.